
Un Portage Salarial
Rapide & Efficace
Nous les voyons régulièrement aux informations : envoyés spéciaux ou permanents sur place, les correspondants de presse à l’étranger sont essentiels pour permettre à un média d’obtenir de l'information sur différentes zones du globe. Ces travailleurs indépendants, travaillant souvent pour plusieurs rédactions et plutôt solitaires jusqu’à aujourd’hui, voient pourtant évoluer leur profession à toute vitesse, entre précarisation et mise en réseau.
Le correspondant de presse à l’étranger est un journaliste indépendant installé de manière permanente dans une zone géographique différente de celle de la rédaction pour laquelle il travaille, et dont le travail est de reporter les actualités de cette zone à celle-ci. Pendant longtemps le travail de celui-ci était donc de récolter l’information dans différents titres de presses locales, d’aller la chercher auprès de diverses figures locales, éventuellement d’enquêter sur certains sujets nécessitant une attention spécifique. Ainsi, le correspondant de presse rédige ses propres articles, éventuellement ses propres photos et peut prendre l’initiative de proposer des sujets à la rédaction pour laquelle il travaille. À l’origine, il est donc un travailleur indépendant, au statut non-salarié, contrairement aux journalistes de la rédaction, et n’est pas subordonné à celle-ci. La rémunération pour les correspondants ne variant pas selon le pays couvert, avec quelques centaines d’euros par mois, la profession n’est pas destinée à être exercée à plein temps. Durant longtemps, la pratique de cet exercice a été pour de nombreux journalistes un travail gratifiant, permettant d’enquêter notamment sur des zones de conflits armés, sur des régimes politiques soumis à la censure, ou tout autre sujet sensibles, avec la protection conférée par la détention d’une carte de presse.
Pourtant, pour de nombreux correspondants à l’étranger, les conditions de travail seraient devenues inacceptables. Depuis quelques années, les coups de gueule se succèdent depuis tous les points de globe. La cause du malaise ? La crise des médias occidentaux qui, restrictions budgétaires obligent, ne sollicitent plus de permanents sur place, ou réduisent leurs budgets alloués à l’actualité internationale. Si internet a amorcé la crise de la presse, c’est l’ensemble des pratiques journalistiques qui sont forcées d’évoluer, y compris celle de correspondant étranger. Cependant, l’évolution de la profession tendrait plutôt vers la précarisation des conditions de travail, l’exigence de flexibilité et d’information en continue forçant les correspondants à se mettre en danger dans leurs enquêtes. Les réseaux sociaux, et le développement de nombreuses sources de presse dans les pays émergents, ont rendu plus complexe le métier de correspondant étranger, nécessitant de recouper les informations, d’enrichir les dossiers et de trouver des approches toujours plus originales. Paradoxalement, la rémunération de ceux-ci n’augmente pas malgré la complexification des tâches.
Quel avenir pour les journalistes francophones travaillant à l’étranger pour les titres de presse français ? Si l’ensemble des avis s’expriment du plus catastrophiste au plus positif, il semblerait que la structuration croissante d’un réseau de correspondants puisse constituer le futur de la profession. Internet aidant, les correspondants sont plus facilement amenés à s’organiser en réseau et à négocier ainsi avec les rédactions et les médias, alors que la profession était jusqu’à présent plutôt solitaire. Il semblerait donc qu’en plus d’intégrer de nouvelles compétences journalistiques, ceux-ci soient amenés à travailler de plus en plus en équipe pour valoriser leur travail. Si la profession journalistique traverse dans son ensemble une crise liée à la réinvention du modèle économique de la presse, ceux exerçant à l’étranger sont donc bien loin d’être épargnés. Pourtant le travail d‘enquête du correspondant local reste le meilleur outil pour obtenir de l’information fiable dans des contextes politiques souvent tendus et des contextes culturels complexes, difficiles à saisir pour les non-locaux.